Fondateur du cabinet GB consulting, Grégory Boulicaut est coach en développement personnel pour des managers et dirigeants d’entreprise, et également préparateur mental de sportifs de haut niveau. Une double casquette qui a lui permis d’observer pendant le confinement, de nombreuses similitudes entre le monde de l’entreprise et le monde du sport.
Pendant le confinement, quelles observations avez-vous pu faire entre le milieu du sport et celui de l’entreprise ?
Grégory Boulicaut : « Pendant le confinement, j’ai continué à accompagner des managers d’entreprises ainsi que des sportifs de haut niveau. Et une des observations que j’ai pu faire, est qu’il y a peu de différences entre les deux milieux, et même de nombreux points communs, comme le maintien de la motivation et de la confiance en soi, la capacité d’adaptation ou encore la recherche de performance. Par exemple, sur le sujet de la motivation, sportifs et managers ont dû retravailler leurs objectifs afin de garder leur motivation avec un parallèle commun, l’incertitude des dates et du timing.
Alors que les compétitions sportives s’annulaient les unes après les autres, les sportifs se sont retrouvés perdus et sans objectif précis. Se préparer pendant des années à une compétition et voir qu’elle n’aura pas lieu est très dur à encaisser. Et pour ceux dont l’événement a été reporté, mais dont la date n’est pas certaine, il est aussi très compliqué de se remotiver face à un objectif aussi flou.
« Managers et sportifs sont passés du déni à l’acceptation, puis à l’engagement en s’adaptant sans cesse »
Avec les managers, c’est la même chose. Pour ceux qui avaient l’habitude de passer du temps sur leur lieu de travail ou ceux qui se déplaçaient régulièrement, ils ont fait un virage à 180 degrés avec le confinement. Par ailleurs, dans les entreprises, des objectifs sont définis et répartis tout au long de l’année, et le fait d’avoir arrêté assez brutalement leur business a provoqué une grande déstabilisation et incertitude chez les dirigeants et managers. J’ai pu utiliser aussi des outils communs pour les accompagner comme par exemple la courbe du changement de « Kubler-Ross » : managers et sportifs sont passés du déni à l’acceptation, puis à l’engagement en s’adaptant sans cesse et en explorant des sujets laissés parfois trop longtemps au point mort. »
Le confinement et le déconfinement bouleversent notre société. Que conseillez-vous à vos clients pour rebondir ?
G. B. : « Il sera très important pour les deux milieux de prendre le temps de faire un bilan afin de comprendre ce qui a bien fonctionné et ce qui a moins bien marché. On ne peut pas ne pas faire de bilan pour une seule raison : il reste des incertitudes à ce qu’on puisse être à nouveau confinés à un moment. Si on tire pas le bilan de ce confinement maintenant, cela va être plus compliqué si on était amenés à être confiné de nouveau.
Dans le monde de l’entreprise, le télétravail se pratiquait déjà avant le confinement (seulement 3% avant et 40% après le confinement), mais de manière minoritaire et ce n’était pas très fluide. En parallèle, pour beaucoup d’entraîneurs sportifs, les préparations physiques à distance par exemple, sans présentiel, n’étaient pas envisageables. Avec le confinement, ces deux mondes se sont finalement rendus compte qu’il y avait des choses assez intéressantes dans les pratiques utilisées pendant cette période. De nombreuses entreprises et de fédérations sportives étaient en transformation avant ce confinement, je fais l’hypothèse que cette situation aura un effet accélérateur pour les deux mondes, sportif et entreprise. »
Un effet accélérateur, c’est-à-dire ?
G. B. : « Une nouvelle donne économique se dessine dans les deux mondes : la fragilité financière du monde associatif sportif, tout comme les difficultés économiques rencontrées par de nombreuses sociétés. La démonstration n’est plus à faire, des entreprises commencent déjà à voir leur trésorerie dans le rouge. Je pense notamment à Alinea, Naf Naf, La Halle, le groupe André etc… qui viennent de se déclarer en redressement judiciaire. Dans le sport, la situation financière est là aussi très compliquée. Il est possible que dans les clubs et associations sportives, il y ait une perte des licenciés. Certains parents auront peut-être des réticences à réinscrire leurs enfants par exemple.
« Pour les deux secteurs, il faudra se reconstruire et s’adapter. Le déconfinement ne va pas tout résoudre »
Quelque soit le sport, si vous perdez une partie de vos licenciés cette année, ce sera très difficile. Car dans un sport, pour pouvoir financer entre autres le haut niveau, il faut des licenciés. C’est ce qui donne l’opportunité aux athlètes de haut niveau de se mettre dans les meilleures conditions pour réaliser leurs objectifs. Pour les deux secteurs, il faudra se reconstruire et s’adapter. Le déconfinement ne va pas tout résoudre. Il va redonner certainement de l’énergie mais en parallèle, c’est une étape qui restera anxiogène car les mois qui arrivent restent encore incertains. C’est la raison pour laquelle, mon conseil est de ne pas hésiter à faire accompagner les managers et les sportifs dans cette période particulière. Pour sortir grandi de cette période je les invite à transformer ce pépin en pépite ».
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